Il s'agit de la dernière réunion de cette assemblée épisodique créée par Philippe-le-Bel. Elle n'a pas de véritable pouvoir : c'est avant tout un "conseil" consulté par le souverain. J'ai l'impression que son but est avant tout de manifester l'adhésion de la société toute entière, symbolisée par les trois ordres, derrière son roi. La première réunion vise à confirmer l'opposition de Philippe face au pape Boniface VIII. Par la suite, les questions de fiscalité prendront une place prépondérante, d'autant plus qu'à partir de Charles VII, le principe d'impôts prélevés annuellement, pour soutenir une armée elle aussi permanente, est établi.
A partir de Louis XIV, les Etats Généraux ne sont plus rassemblés, probablement car le roi estime qu'il a suffisamment de relais dans les provinces pour faire appliquer ses décisions. Mais Louis XVI ne voit plus les choses sous cet angle. En effet, il est confronté à une dette abyssale (80 % du PIB, c'était le bon temps
) et surtout l'année 1788 a été marquée par de très nombreuses oppositions parlementaires, qui avaient notamment condamné les lettres de cachet, qui avaient dégénéré en révoltes populaires, avec la colère suscitée par les mauvaises récoltes.
Un épisode est à signaler : la Journée des Tuiles à Grenoble a été suivie en juillet de la réunion des Etats Généraux du Dauphiné, dans la salle du Jeu de Paume (déjà ! il faut toujours une grande salle vide...) du château de Vizille. Cette assemblée a lancé un appel à la nation toute entière, et exigé la réunion des Etats Généraux Nationaux.
A la base, tout le mouvement est initié par les nobles qui constituent les parlements de province et souhaitent conserver leurs privilèges. D'ailleurs, une revendication emblématique, la lettre de cachet, qui figurent dans de nombreux cahiers de doléance, ne concerne qu'eux et pas du tout le peuple. En revanche, du côté du peuple, on sent bien que de nouveaux impôts sont en préparation.
Dans de nombreuses assemblées de province, le doublement du Tiers Etat a déjà été obtenu. La demande du doublement du Tiers pour les Etats Généraux de 1789 est donc légitime. Mais l'annonce du vote par ordre lui ôte tout intérêt : c'est l'étincelle qui fait éclater l'alliance de fait entre le peuple et la noblesse contre le roi. Et le peuple a eu tout le loisir de constater, au cours des émeutes, que les nobles n'ont plus de moyen de pression en dehors de leurs réseaux d'influence.