Nebuchadnezar a écrit :
Jérôme, il n'y a aucune question naïve, particulièrement pour cette période où le sens commun a pris des vacances !
Wikipedia donne de bonnes informations sur la question.
Le fameux décret NN du 7 décembre 1941, signé par Keitel, stipule que "ne sont à juger dans les pays occupés que les crimes à coup sûr justiciables de la peine de mort et à condition que celle-ci puisse être appliquée dans un délai inférieur ou égal à huit jours ;".
Je formule l'hypothèse que les résistants à fusiller sont ceux qui se sont faits effectivement prendre les armes à la main, et ont probablement commis des attentats [...]
Comme toujours avec les nazis il y a une loi écrite, après quoi on prend des libertés avec celle-ci. (A noter aussi que Keitel est chef d'état-major, et donc en principe son décret ne concerne que les forces armées allemandes. En pratique les services policiers, en particulier la Gestapo, adopteront leurs propres règles, sans qu'elles soient d'ailleurs systématiques.)
L'article
Nuit et brouillard de Wiki apporte des précisions sur ces "variantes" et leur évolution au cours de la guerre, mais je ne le trouve pas limpide.
Je pense que la règle "On fusille ceux qui sont pris les armes à la main et on déporte les autres" donne une vision assez réaliste, mais on trouvera sans difficulté des exceptions.
Pour s'en tenir à la France, on peut déjà noter tous les otages fusillés à la suite d'un attentat ou d'une attaque contre des Allemands, otages qui n'ont aucune arme à la main et rien à se reprocher.
Pour le reste je pense qu'il faut différencier les réseaux Action et les réseaux Renseignements. (Sachant qu'un grand nombre faisaient les deux, dans des branches séparées ou non.)
Dans le cas Action (maquis, attentats, etc...) la règle "on fusille ceux qui sont pris les armes à la main" me parait systématique. (Sauf s'il parait utile de les torturer pour trouver d'autres membres.) En général les autres membres sont déportés, mais ça n'a rien d'absolu.
Dans le cas des réseaux de renseignement, autrement dit dans les cas où c'est systématiquement la Gestapo qui enquête - je simplifie un dispositif policier plus complexe - le fait pour un résistant d'avoir une arme dans la poche au moment de son arrestation ne me semble pas l'amener systématiquement au peloton, on en a de nombreux exemples. Leur destin obéit à d'autres règles qui sont dictées par les contraintes d'une enquête policière. (En général le délai de 8 jours pour les fusiller n'est pas applicable.) La torture suivie de déportation me semble la plus courante.
Je me demande aussi si les nazis ne déportent pas systématiquement les résistants qui ont été torturés et dont le corps en porte les marques, ce qui interdirait de rendre le corps à la famille si on les fusillait.