Voilà, je viens de sortir de la projection de ce "chef d'oeuvre". Quelques impressions "à chaud"...
Malheureusement, je dois en demeurer au sentiment produit par la vue de la bande annonce du film il y a quelques mois.
C'est sans doute l'une des plus mauvaises interprétations de Napoléon Bonaparte qu'il m'ait été donné de voir.
Dès le siège de Toulon, on observe un Napoléon crépusculaire, qui ne dit pratiquement rien (cela s'arrange un peu après Austerlitz) et semble suivre la chronologie d'événements auxquels il semble parfois étranger. Il est dépeint comme le pire des rustres, sale, grossier et victime de ses passions, comme un tyran antique, voire d'un certain dictateur du XXème siècle situé à l'Est du Rhin. Phoenix est un Napoléon lourd, qui peine à se mouvoir sur les champs de bataille, mais également dans les palais de la République, engoncé dans des costumes visiblement trop serrés pour lui... Tout le monde ne peut pas porter l'uniforme de l'Empereur.
Par contre, en dehors de Napoléon (et Joséphine) il ne semble y avoir personne d'autre dans ce film, de simples figurants.
Scott se comporte cependant bien au niveau des détails : les costumes, les armes, sur l'image que les Européens ont de Napoléon. Mais la Révolution française est encore moins bien traitée que dans un dessin animé pour enfant et la vision qu'il en offre semble être sortie tout droit d'un pamphlet de Burke. Je passe les confusions au niveau des institutions - en 1793 il est question de "directeurs" et en 1795 de la Convention avec une scène pathétique devant le Conseil des Cinq-Cents - et de dates, le suicide manqué en pleine Convention de Robespierre (
) pour ne conserver que l'horrible impression de l'exécution de Marie-Antoinette (à qui on avait oublié de couper les cheveux), à la limite de la pire caricature que n'aurait même pas osé faire Hébert.
De plus, Scott tente maladroitement de lier le destin de Napoléon à Joséphine même après la mort de cette dernière, lui faisant par exemple prononcer son prénom lors de sa mort (ce que les témoins n'ont pas entendu à ce qu'il me semble).
En résumé, c'est lourd, grandiloquent d'absurde et, finalement, très dommage pour le budget investi dans cette production.
Je préfère de loin les anciennes adaptations d'un Gance ou de Bondartchouk, qui ont certes mal vieilli, mais qui me paraissent plus justes. Oui, Phoenix ne parvient malheureusement pas à la hauteur de Mondy et de Steiger.