bcordelier a écrit :
Il semble désormais bien établi que l'homme moderne, celui qui a peuplé toute la planète ensuite, est sorti d'Afrique orientale il y a environ 60000 ans.
Probablement avant.
Les caractéristiques du type
sapiens (menton saillant, bourrelets sus-orbitaux inexistants, front plat et redressé) apparaissent en Afrique entre 600.000 et 100.000 av. J.-C., mais aussi en Chine (à partir de 500.000 av. J.-C.).
Explications possibles :
- une tendance générale des populations
erectus à évoluer vers un type
sapiens, avec ou sans brassage de gènes entre les différentes populations (en ce cas, le brassage de gènes reste le plus probable pour que l'évolution générale aille dans le même sens.
- la très forte envie des paléontologues chinois de faire de la Chine le berceau de l'humanité. Ne pouvant rivaliser en ancienneté sur les premiers fossiles humains africains, ils tentent régulièrement de se rattraper sur l'ancienneté des fossiles
erectus ou
sapiens pour tenter de démontrer qu'un de ces deux types au moins est apparu chez eux. Ils présentent quelques arguments intéressants pour les
sapiens mais, comme le sous-entend Hérodote :
Hérodote a écrit :
Je me demande si l'Homme de Pékin, qui utilisait le feu il y a 600,000 années, ne se serait pas métissé aux Sapiens pour lui donner ses caractères Mongoloïdes ?
ces arguments semblent plutôt souligner des croisements probables entre les premiers
sapiens débarqués en Chine et les
erectus chinois (alias sinanthrope).
Développés donc depuis plusieurs centaines de milliers d'années en Ethiopie, puis en Tanzanie et en Afrique du Sud, les caractères sapiens sortent de l'Afrique par son issue naturelle, l'isthme de Suez.
Pour l'ancienneté et l'émigration hors d'Afrique, les plus anciens crânes
sapiens à 100 % (sans caractères archaïques de type
erectus) sont retrouvés en Ethiopie (130.000 av. J.-C.), Palestine (100.000 av. J.-C.), Australie (40.000 av. J.-C.), Europe de l'Ouest (35.000 av. J.-C.). Australie mise à part, on suit bien les mêmes voies qu'
erectus lors de sa sortie d'Afrique. (Bien entendu, les crânes les plus anciens n'excluent pas une installation bien antérieure. Ainsi, les plus vieux fossiles humains remontent à 70.000 av. J.-C. environ.)
Effectivement, comme le montrent des Chinois, des caractèristiques de certaines populations erectus (les dents en pelle et pommettes saillantes des
erectus chinois) passent chez les
sapiens arrivés sur place. (Les
erectus n'étaient peut-être dénué(e)s de charmes... !)
bcordelier a écrit :
Sapiens sapiens d'Afrique était probablement noir. D'autres populations noires se retrouvent dans la zone équatoriale ou subtropicale (Aborigènes, Papouasie, Négritos, un peu en Inde je crois, Andaman...).
Question toute bête. Combien faut-il de temps pour que se soient perdus les caractères "négroïdes" chez les autres ("blancs" et "jaunes") ? L'explication est-elle purement liée au milieu et au climat ?
Inversement, connait-on des situations de populations "claires" redevenues "foncées" dans un climat idoine au bout de plusieurs milliers d'années ?
Aha ! La question qui tue. Génération après génération, les Américains blonds enfants de blonds brunissent toujours un peu plus, tandis que les Américains "noirs", enfants de "noirs", ont une peau toujours un peu plus claire que celle de leurs parents... Combien de temps s'écoulera-t-il pour que, avec ou sans mélanges, ils aient tous les cheveux et la peau des Amérindiens ?
Car, effectivement, la couleur des cheveux et de la peau des hommes semblent liée au climat. Les "noirs" du sud de l'Inde et de Papouasie descendent... d'hommes à la peau cuivrée situés au nord de leurs régions, si l'on s'en tient aux études génétiques et linguistiques.
Comment ça marche ? Pour la peau, en tout cas, c'est une simple question de sélection naturelle. Dans les pays très ensoleillés, la peau ne résiste aux brûlures et aux U.V. qu'en se chargeant de
mélanine. Ce petit pigment brun apparaît dans presque tous les types de peau lors du bronzage, et plus les peaux en possèdent, plus elles sont sombres. (En passant, il faudra bien qu'un jour quelqu'un se décide à dire à partir de quel taux on passe d'une peau "blanche" à une peau "noire", car toutes les nuances existent entre le pur albinos et les peaux les plus sombres... ou alors on laisse tomber ces curieux concepts raciaux du XIXe siècle. Sans parler des peaux "jaunes" et "rouges" qui ne sont des teintes plus ou moins mates qu'on rencontre aussi bien autour de la Méditerranée... Bref.)
Donc, entre les tropiques, mieux vaut arborer une peau de plus en plus sombre à mesure qu'on frôle l'équateur, et la sélection naturelle semble s'en être chargée en y éliminant les teintes les plus claires.
A l'inverse, une teinte sombre est néfaste à mesure qu'on approche des pôles. L'homme a besoin des U.V. solaires pour fabriquer dans son corps la vitamine D. Le soleil faiblissant hors des tropiques ne suffit qu'aux peaux de plus en plus claires, peu chargées en mélanine et laissant passer un maximum d'U.V. sous la peau. Les peaux sombres y sont naturellement défavorisées et malmenées par la sélection naturelle.
La couleur des cheveux étant liée à la mélanine, elle est peut-être couplée de près ou de loin à celle de la peau. Notez qu'il existe des Aborigènes blonds. (La couleur rousse suit une logique génétique différente et mal comprise.)
Combien de temps ? Pour l'instant, à chacun de se faire une idée. Les Bulgares et les Hongrois ressemblaient à des Mongols en débarquant en Europe, ils ressemblent à présent plutôt à des Slaves... Evidemment, il faut compter avec les mélanges aux populations locales.
Personnellement, je dirais quelques siècles ou quelques millénaires, sans aucune preuve.
bcordelier a écrit :
En -40000 nous avons Sapiens en Europe. Etait-il déjà blanc ?
Il venait du Caucase, sous un pauvre soleil d'ère glaciaire. Je dirai que oui.
bcordelier a écrit :
En -40000 les proto-amérindiens arrivent en Amérique. Avaient-ils déjà les traits caractéristiques qu'on connait aux Amérindiens actuels, à savoir une parenté avec les asiatiques ? Ou bien n'y aurait-il pas eu un hiatus et les derniers ne seraient finalement arrivés que beaucoup plus récemment ?
Ils semblent que les traits "asiatiques" aient remplacé les traits précédants.
bcordelier a écrit :
60000 ans, en fin de compte d'est très court et j'avoue avoir bien du mal à comprendre comment ont pu se créer en si peu de temps autant de différentiations, surtout si on essaye de situer les migrations probables sur les cartes.
C'est clair : en marchant seulement 1 heure par jour, à raison de 3 km/h par jour (avec les obstacles naturels, les gosses dans les pattes, les imprévus...), tu parcours plus de 1.000 km par an et plus de la moitié de la circonférence du globe en 20 ans. Avec des embarcations portées par les courants, la vitesse d'expansion augmente encore.