Veuf d'Hermengarde, Louis s'est remarié, en 818, avec Judith, fille du comte bavarois Welf. Celle-ci lui donne un fils, Charles, en 823, et n'a de cesse d'obtenir une révision du partage de 817, en faveur de son fils. L'affaire s'engagle mal pour elle, car l'année même de la naissance de Charles, le nouveau pape Pascal Ier couronne Lothaire empereur.
La famille Welf est très riche et très puissante dans le sud de la Germanie. Pour rassurer Lothaire, on le désigne parrain du nouveau né.
En 830, Lothaire se soulève contre son père, écrase Bernard qu'il renvoie dans ses terres, puis enferme Judith au couvent à Poitiers. Enfin, il dépose Louis le Pieux et règne à sa place.
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En 829, en 831, Louis le Pieux modifie les partages pour y introduire le jeune Charles le Chauve. L'ordinatio Imperii, pour le repect de laquelle Louis avait exigé de son aristocratie des serments renouvelés, était ainsi rompue. Agobard, au nom de l'unité impériale, fait état du mécontentement suscité par « services divers et contradictoires » qui sont successivement requis, et semonce l'empereur : « Cette constitution, vous ne devez pas y toucher ; vous ne pouvez pas la changer sans péché, sans mettre en danger le danger de votre âme. »
Laurent Theis,
L'héritage des Charles, édition du Seuil.
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C'est dans ce climat qu'à l'assemblée de Worms d'août 829, Louis annoça qu'il créait un « duché » au profit du fils né de Judith en 823 et auquel il avait donné le nom de son prestigieux grand-père : Charles. Ce duché était composé de terresz situées en Alémanie, Alsace, Réthie et d'une partie de la Bourgogne, c'est à dire là où la famille de sa mère était influente. Mais il était évidemment incrusté dans la part de l'empire directement dévolue à Lothaire qui se sentie lésé, nonseulement dans ses intérets propres, mais aussi dans ceux de sa clientèle aristocratique. Le fait que Charles ne fut pas pourvu d'un « royaume » ne remettait certes pas en question l'ordinatio de 817 : mais on pouvait craindre que ce ne fut là qu'un premier pas.
La rupture de Louis avec Lothaire – mais aussi avec tous ceux qui soutenaient l'idée d'une unité impériale – fut consommée en septembre 829, lorsque Louis relègua son fils en Italie et renvoya Wala dans son monastère de Corbie. C'était maintenant Bernard de Barcelone, qui av&ait acquis le titre decamérier de l'empereur et dont on murmurait qu'il s'occupait de la chambre de l'impératrice, qui était le conseiller le plus écouté, au point qu'on disait de lui qu'il était « le second après l'empereur dans tout l'empire ». Le « parti de Lothaire » n'avait alors plus d'autre choix que d'oeuvrer à l'éviction du « parti de Judith ».
Geneviève Bührer-Thierry et Charles Mériaux,
La France avant la France : 481-888, éditions Belin.