Noacyl a écrit :
Ligeti et Penderecki sont des compositeurs mélangeant le tonal et l’atonal.
Dans le cas de Ligeti, celà dépend de la période. En effet, si vous écoutez "atmosphères" et "Lontano" vous avez affaire à de la musique tellement atonale que la discriminaion harmonique devient tout simplement inexistante. La tendence naturelle de Ligeti est de "remplir les vides" avec chaque note de la gamme chromatique possible.
Qu'est-ce que la tonalité? Tout simplement des pôles d'attraction. On va de la tonique à la dominante, de la dominante à la tonique en passant par différents chemins qui nous donnent encore plus le gout d'arriver à un de ses deux pôle. Chaque résolution, chaque arrivée de la dominante (tension) à la tonique (détente) nous procure un petit orgasme bien clair, bien défini.
Mais voilà, un jour arrive Debussy avec qui arive d'après moi la fin de l'hégémonie tonale. Non pas l'arrivée de l'atonalité mais la dissolution du discours tonal stress/détente.
Dans la musique de Debussy, on peut s'arrêter, se détendre, se reposer beaucoup plus souvent. D'ailleurs ce n'est pas une surprise que tant d'amateurs y voient des nuages, la mer etc. Ce qui n'est pas imaginable chez un Mozart, un Beethov, un Strauss et la plupart du temps chez Mahler (quand a Bruckner n'en parlons même pas).
Comment cela se fait-il? Je ne sais pas si vous avez déjà suivi des cours d'harmonie mais lorsque vous en êtes à l'harmonie "dans le style de" Debussy, vous vous retrouvez entouré de 9emes,11emes, de pédales, de tensions qui ne se résolvent pas ou bien des kilomètres plus tard. Bref, le cauchemard. Pourquoi? Parce que le bût harmonique n'est plus aussi clair. Il devient presque aussi important d'avoir du plaisir dans l'instant présent que d'anticiper un plaisir qui s'en vient.
Bref, dissolution des pôles, dissolution de la tonalité.
un exemple:
sol-si-ré-fa un accord de septième de dominante typique dans le système tonal va naturellement vers do-mi-sol
Chez Debussy on peut retrouver:
sol-si-ré-fa-la-do un accord de dominante oui mais qui contient beaucoup de notes de l'accord tonique, un accord de deuxième degré, et un accord complet du 4eme degré (fa-la-do). Ce qui fait qu'en même temps que l'on va vers la détente, elle nous est en même temps offerte ainsi que le parcours qui mène d'un pôle à l'autre. Résultat...on reste dans le moment présent, on contemple, on anticipe moins.