Audrey a écrit :
Quelqu'un a déclaré qu'il y a eu possibilité de langage à partir du moment ou la préhistoire livre des outils. Outils et langage étant liés neurologiquement d'après lui
Je crois que l'on a un peu déformé ces propos. Les outils complexes que l'on voit apparaitre à divers moments de la préhistoire supposent un apprentissage et un transfert d'informations. On peut donc supposer qu'à ce moment, les hommes possédaient déjà un langage permettant ce transfert d'information.
On a aucun moyen direct de savoir si
erectus ou
habilis parlaient ou non. L'existence d'outils complexe et surtout leurs productions sur plusieurs génération peut donner à penser qu'ils possèdaient un moyen de transmettre les informations précises et détaillées necessaire à cette production.
Comme je l'ai déjà dit sur une autre discussion, le langage suppose 3 conditions :
- un appareil anatomique permettant de le produire. Les paléo-anatomistes discutent encore pour savoir quand les divers éléments nécessaires sont apparus.
- un cerveau capable de contrôler cet appareil phonatoire. On discute aussi encore entre spécialistes pour savoir si les aires en questions existaient et si elles servaient déjà au langage.
- et justement, les fonctions cognitives associées. Ce n'est pas tout d'avoir le cerveau qu'il faut, il faut encore le programme qui permet de comprendre et de mener une discussion.
Une fois que les 3 conditions sont réunies, on peut parler. Bien entendu, tout cela à du se mettre en place petit à petit. Et comme je l'ai rappelé plus haut, actuellement on tend à considérer que si certaines fonctions comme la chasse, la recherche de nourriture, la production d'outils, l'échange d'informations pratiques sur les diverses activités humaines sont favorisées par la présence d'un langage articulé, elles ne requièrent pas un langage complexe. Quelques sons, quelques signes peuvent permettre de transmettre les informations requises.
On considère actuellement que certaines personnes se servent (et ne peuvent se servir) que d'un vocabulaire réduit de 1500 mots. D'après divers spécialistes, on peut vivre normalement avec 1500 mots et une grammaire réduite. Or, le vocabulaire de l'homme moyen est bien plus riche et doit avoisiner les dizaines de milliers de mots, certaines langues demandant la maîtrise de 40 à 50 000 mots pour mener une conversation subtile. La sélection naturelle tendant à éviter que l'on gâche les ressources et la maîtrise d'un langage complexe monopolise des ressources cognitives, on pense que cette maîtrise devait forcément apporter des bénéfices. Ce bénéfice pourrait être d'améliorer l'empathie du groupe envers soi. Donc, des avantages sociaux. A l'extrême, on pourrait dire que l'homme a eu besoin du langage pour faire de la politique.