Cap a écrit :
Première question : ce passage s’est-il fait « brutalement » (par saut évolutif, comme dirait Gould) ou de façon graduelle à partir d’homo erectus (ou des suivants plus ou moins intermédiaires tels Homo Eidelgbergesis) ?
Les fossiles attestent d'une apparition graduelle des caractères
sapiens, à savoir front redressé, mâchoire inférieure et arcades sourcilières réduites et, surtout, menton saillant.
Cela dit, il est par exemple possible que tous ces caractères ne soient dus qu'à un seul gène mutant et orchestrant l'ensemble des évolutions morphologiques.
Cap a écrit :
Autrement dit, les sapiens archaïques étaient-ils si semblables a nous (je ne parle pas de la robustesse de leur squelette) ?
Les formes les plus archaïques, c'est-à-dire les plus anciennes, présentent plus de caractères
erectus (notamment front et menton fuyants, arcades sourcilières et mâchoires inférieures développées).
Cap a écrit :
Un homme de cro-manon d’il y a 50.000 ans est-il rigoureusement semblable à nous,
Anatomiquement, oui.
Cap a écrit :
ou l’évolution a-t-elle continué depuis 50.000 ans vers le « toujours plus d’intelligence » ? Un cro-magon élevé aujourd’hui dans une famille « normale » aurait-il les mêmes chances de gagner le prix Nobel qu’un enfant d’aujourd’hui ?
L'anatomie ne permet pas de mesurer le potentiel intellectuel.
Les artefacts semblent attester d'un potentiel intellectuel relativement constant jusqu'à environ 10.000 av. J.-C.
Après, les révolutions néolithique puis historiques brouillent les comparaisons.
Avez-vous le même potentiel que vos ancêtres du XVIIIe siècle ?
Pour ma part, je suppose que les sapiens de 40.000 av. J.-C. présentaient les mêmes potentiels intellectuels que nous. Mais c'est une hypothèse strictement personnelle et quasiment invérifiable. Une comparaison possible consisterait à éduquer des enfants actuels et leurs descendants dans un environnement et une culture strictement paléolithique. Pour ce qu'on connaît de ces cultures (langage, concepts, intelligence des milieux, etc.).
Cap a écrit :
Il est curieux de noter que la plupart des ouvrages sont assez concis, vague ou confus sur la question. Ils parlent « d’apparition de l’intelligence ». De « révolution ». Mais comment cela est-il arrivé exactement ?
?
Peut-être des expériences et des découvertes, transmises ou non, telles que celles décrites dans le dessin animé "Il était une fois l'Homme".
Cap a écrit :
L’intelligence constitue un avantage évolutif considérable. D’abord car elle permet (grâce aux capacités d’adaptation qu’elle confère) de survivre plus longtemps et ainsi avoir plus de chance de transmettre ses gènes. C’est l’effet de la sélection naturelle. Ensuite, parce qu’elle est identifiée par le partenaire sexuel comme un atout capital dans la survie de la progéniture (l’intelligence permet de mieux préserver ou protéger la progéniture, de mieux nourrir la cellule familiale et permettra à cette future progéniture de mieux survivre à son tour). C’est l’effet de la sélection sexuelle.
Ainsi, de façon très continue et très graduelle, l’homme est allé vers toujours plus d’intelligence, celle-ci étant « sélectionnée » par le biais de la sélection naturelle et de la sélection sexuelle.
Un atout reproductif n'en constitue un que s'il est détectable.
On détecte les phéromones, les caractères physiques.
Comment détecter l'intelligence ? La définir, etc.
A la rigueur, on peut tenter de séduire les individus dominants, en considérant qu'une partie des dominants soient plus "intelligents". Et nombre d'individus supposés comme "intelligents" (Balzac, de Vinci, etc.) n'ont pas de descendance autre que leurs inventions. Et descendent-ils de personnes "intelligentes" ? Etc.
Cap a écrit :
Cela voudrait alors dire qu’il n’y a pas eu de saut évolutif entre erectus (ou para-erectus) et sapiens, mais une très lente évolution de l’un vers l’autre.
En tout cas, les populations présentant des caractères physiques
sapiens ont très, très, très lentement remplacé les autres populations humaines. Ca ne veut pas dire qu'elles ont pris leur place mais que les personnes présentant ces caractères se sont davantage reproduites que les autres. Et que les caractères typiquement
erectus ont peu à peu disparu.
(J'ai une hypothèse personnelle sur ce remplacement phénotypique. Les caractères
sapiens sont plus infantiles que les caractères antérieurs. Plus infantiles donc plus "mignons". Et ça précédait depuis longtemps l'apparition des caractères
sapiens. En gros, les hominidés évoluent vers un adulte qui ressemble de plus en plus à un bébé, en tout cas au niveau du visage.)
Cap a écrit :
Cela voudrait dire aussi que les sapiens d’il y a 200 mille ans étaient peut-être plus semblables aux erectus d’il y a 300 mille ans qu’aux sapiens d’aujourd’hui.
Il s'agissait de quasi-
erectus avec quelques traits
sapiens.
Cap a écrit :
Cela voudrait dire également que cro-magnon non plus n’était pas aussi proche de nous.
Il est anatomiquement identique à nous. A âge égal, rien ne distinguerait leurs squelettes des nôtres.
Cap a écrit :
En tout cas qu’il différait du point de vue de l’intelligence.
Vous n'aurez jamais votre réponse, tant parce que personne ne sait comment définir l'intelligence que parce que personne ne pourrait mesurer ou comparer celle des défunts.
Cap a écrit :
Cela voudrait dire enfin, et là, ça devient flippant, que l’évolution dans le sens d’une intelligence de plus en plus développée continue sans doute et que nos lointain descendants auront peut-être…. un cerveau de 10 kg (????) (ouh, ça fait peur?)…
L'intelligence ne suit pas la masse des cervelles. Aucun cheval ne vous battra aux échecs, quelque soit votre niveau (et Jolly Jumper n'existe pas).
Ensuite, les organes et les organismes sont astreints aux lois de la physique. Entre autres, leurs dimensions connaissent des limites inférieure et supérieure.
(Et si, par ailleurs, mon hypothèse d'une évolution des hominidés tendant vers un visage infantile s'avère exacte, elle est peu compatible avec une hypertrophie de telle ou telle partie du visage. Au stade où en est le visage des adultes
sapiens par rapport aux premiers hominidés, on serait aux retouches finales.
Ce qui nous renvoie à votre hypothèse de sélection par rapport à l'intelligence : vous préfèrerez un partenaire sexuellement attrayant, même stupide, à un partenaire monstrueux ou laid, même intellectuellement supérieur. Et naturellement le meilleur choix, la plastique contre la réflexion, reste tributaire de ladite intelligence mais, quel qu'il soit, signera la tendance de l'évolution des hommes.)
Cap a écrit :
Bonne nuit, je l'espère !