Tolan a écrit :
L'assimilation, c'est un déracinement, ce qui peut provoquer un trouble de l'identité.
Pas d'accord.
Le trouble de l’identité, c'est plutôt quand on a plusieurs origines fortes en concurrence, et que l'on a pas su éteindre l'une des deux. Origines qui font que pour un fils de marocain et d'auvergnate, on est un arabe parmi ses cousins de Saint-Flour et on est trop français pour être autre chose qu'un touriste quand on retourne en vacances à Meknès.
L'assimilation, c'est une chance magnifique offerte à celui qui a voulu changer de vie et venir en France parce qu'il s'y trouverait mieux qu'au pays de ses pères, d'être pleinement et d'emblée membre de la communauté nationale, pourvu qu'il consente à changer de vêtements (au sens figuré avant tout mais... la métaphore vestimentaire est idéale en la matière).
C'est la liberté de choisir une nouvelle vie, un nouveau nom, une nouvelle religion même si l'on en a envie, sortir de pratiques familiales si l'on les jugeait archaïques.
A ma génération, dire que l'on avait un père immigré de Poméranie ou Transylvanie, et qu'on allait soi-même la tête haute, français parmi les français, avec rien dans l'attitude qui nous différenciât, et bien c'était un motif de grande fierté. Surtout si, en plus, on avait réussi une belle vie professionnelle, qu'on avait de beaux enfants sages et bosseurs à l'école etc.
Les gens qui font appel à "nos ancêtres les Gaulois" sont les
premiers à expliquer qu'il ne s'agit pas de filiation génétique. Donc, ceux qui leur répondent que nous avons dans la réalité des ancêtres romains, germains, ibères, arabes et gna gna gna, soit ne savent ni les lire ni les écouter, soit sont de mauvaise foi.
La devise de notre pays comporte "Fraternité". Si on est frères, cela veut dire que l'on est de la même famille, donc que l'on a les ancêtres et l'héritage en commun. La France propose de manière splendide que ces ancêtres communs ne soient par génétiques, comme dans les sociétés tribales, mais théoriques, spirituels, moraux, choisis.
J'ajoute que cet horizon commun choisi n'a pas toujours été les Gaulois. Avant la IIIè République, c'était les Francs. Si vous voulez, à la place des Gaulois, revenir au mythe fondateur de la France par le baptême de Clovis en 496... vous pouvez militer pour
Ou, comme M. Mélenchon récemment, choisir la Révolution Française. Cela aurait du sens, d'ailleurs. Mais vous verrez alors comme il est désagréable de se faire dire, sentencieusement et à tout propos: "Mais n'importe quoi... il y avait une France avant la Révolution... arrêtez avec vos assertions non-historiques... bla bla bla."
Avant-dernier point: les premières traces de peuplement dans la vallée de la Vézère sont de type Cro-Magnon et Néandertalien. On ne songe pas assez je trouve à la souffrance identitaire des petits périgourdins et corréziens à qui on a fait annôner "nos ancêtres les gaulois" pendant des décennies, alors qu'ils étaient là des millénaires avant que les celtes ne les envahissent;
Dernier point: je n'ai nullement l'intention de vous convaincre. On touche là à des nœuds mystérieux, ceux sur lesquels se cristallisent des visions du monde divergentes et irréconciliables.
Cela ne nous empêche pas d'être frères, puisque nous partageons un héritage commun.
