Sigmund a écrit :
Comme le signale Narduccio, nous sommes un groupe d’individus et la question que je me pose n’est pas « De qui sommes-nous les descendants ? » mais doit plutôt se recentrer : « De qui suis-je le descendant ? ».
Il y a, au moins 3 réponses possibles.
Première réponse : génétique. Il y a des tests disponibles. Mais les bases de données évoluent en fonction des tests déjà réalisés. Vous pouvez être de telle origine à un test réalisé demain, et de telle autre au même test réalisé dans 12 mois. Admettons, pour simplifier que dans telle base de tests il y a 10 000 bretons et 1 normand. Si vous vous testez maintenant, vous serez surtout comparé au bretons, et à moins d'avoir une signature identique au seul normand, le test dira que vous avez 0% de chances d'être d'ascendance normande. Mais, la société en question, consciente de son retard de pénétration en Normandie décide de faire une campagne publicitaire. Mettons que celle-ci fonctionne tellement bien que 1 millions de normands se fassent tester. Si vous refaites le test dans 1 an, vous serrez comparé à 1 million de normands face à 10 000 bretons. Vous aurez nettement plus de chance d'être d’ascendance normande ... Bref, pour l'instant, vous n'aurez pas de réponse précise du coté de la génétique. Surtout que comme je l'ai rappelé lors des diverses discussions sur le sujet, selon le ou les marqueurs étudiés, vous serez de telle ou telle ascendance. Vous aurez peut-être un marqueur qui dira que vous descendez des Anciens Égyptiens, un autre qui dira qu'en fait vous êtes Indien, un autre vous vous dira néerlandais ... Alors, certaines sociétés de tests adorent donner des pourcentages, mais le phénomène d'implexe, très bien décrit par Atlante, rend tout cela un peu caduque. Car ce que vous voyez dans votre génome, c'est ce qui reste de l'héritage de vos ancêtres. Sur l'une des discussions, j'avais mis un lien où on voit qu'en 3 ou 4 générations, l'un de vos ancêtres peut totalement disparaitre de votre génome. Cet ancêtre a bien participé à votre conception, si il ou elle n'avait pas été là, vous n'existeriez pas. Pourtant, génétiquement, vous n'en avez plus une seule trace. Mais, si des ancêtres "disparaissent", il est bien évident que le poids relatifs des autres va s'en trouver renforcé. Leur pourcentage augmente et dans une analyse génétique, ils peuvent devenir l'arbre qui cache la forêt.
Seconde réponse : généalogique. Mais, sauf cas exceptionnels l'arbre généalogique présente votre ascendance officielle. Or, l'histoire de nos ancêtres peut-être un peu plus compliquée. Il y a bien évidemment les adultères, et ils échappent totalement aux arbres généalogiques. C'est d'ailleurs parfois en essayant de conforter des arbres généalogiques par des tests génétiques qu'on découvre des traces d'adultères passées... Puis, il y a tous les épisodes violents, les viols qu'ils soient en temps de guerre ou de paix. Il y a aussi, à certaines époques, des choses perçues comme "normales". Souvent le "maître" pouvait utiliser comme bon lui semblait telle ou telle domestique. Et en cas de besoin on donnait une certaine somme d'argent pour éduquer l'enfant sous les soins d'un brave homme qui acceptait de couvrir la "faute". "Faute" qui retombait toujours sur la demoiselle victime et jamais sur l'abuseur. Alors, il y a des études qui ont essayer de déterminer quelle pouvait être l'écart entre un arbre généalogique et la réalité. Cela avait été évoqué dans une ancienne discussion. Peut-être Atlante s'en souvient mieux, mais j'ai oublié le chiffre.
Troisième réponse : "culturelle". On pourrait dire celle qui provient de votre éducation, des éléments culturels transmis par vos parents, grands-parents, voisins, éducateurs, ... Et que vous allez compléter par vos choix en manière de curiosité intellectuelle. Là, je vais parler un peu de moi, car c'est un sujet que je connais bien, et parce que j'ai découvert quelque chose, petit à petit, qui concerne le sujet. Mais, d'autres pourraient vous donner des exemples similaires. Je suis né en Alsace de parents italiens. Parfois je dis : "Né et conçu en Alsace", car mes parents se sont rencontrés en Alsace. Contrairement à pas mal d'autres italo-alsaciens que je connais, mais dont les parents étaient déjà mariés ou qu'ils s'étaient déjà fiancés "au pays". Cela à une certaine importance, car ma culture italienne est double provenant de chacun de mes parents, et étant très différente entre la culture italo-méditerranéenne de mon père et plus italo-centrale de ma mère. Mais là où j'ai la plus grande différence d'avec les gens qui m'entourent dans ma vie professionnelle ou amicale, c'est ma culture alsacienne. Si je suis sur Passion-Histoire, vous vous doutez bien que c'est parce que je suis intéressé par l'histoire. Je me suis donc, tout naturellement, aussi intéressé par l'histoire alsacienne. Ma connaissance de celle-ci est triple, dirais-je. Premièrement, il y a les évènements que j'ai vécu et les échanges que j'ai eu avec de nombreux alsaciens. Donc, il y a une certaine culture historique populaire alsacienne. Il y a, ensuite, ma lecture quotidienne d'un quotidien de la presse régionale. Puis, diverses lectures qui vont "d'alsatiques", des livres de culture alsacienne plutôt grands-publics à des livres d'histoire écrits par de vrais universitaires.
Là, depuis environ 15-20 ans, je me rends compte que je diverge sérieusement de la connaissance historique "moyenne" de l'alsacien "moyen". A force de m'instruire, je me rend compte que de nombreux alsaciens ont une vision fausse de l'histoire de leur région : ils imaginent que l'Alsace a toujours été une région unie, qu'elle partage un seul territoire, une seule culture, voire un seul peuple (enfin 2, éventuellement, on y reviendra plus tard). Ma vision est que l'Alsace, comme la plupart des régions a été une terre morcelée entre différents pouvoirs. A l'époque médiévale, il est des périodes où on a l'impression que les alsaciens du nord passent leur temps à taper sur la tête des alsaciens du sud, qui font l'inverse chaque fois que c'est possible. Au souvent ils ont de très bonnes raisons pour cela, dans les grandes fractures du SERG quand les uns sont dans un camp, les autres sont dans le camp opposé. En fait, quand on y regarde de plus près, souvent on choisit son camp en fonction de celui dans lequel sont nos voisins, alliés ou ennemis ... Il y a des époques où les alsaciens du sud se réconcilient avec ceux du nord ... dès qu'ils ont la possibilité de taper ensemble sur ceux du centre...

Bref, celui qui regroupe l'Alsace en une seule entité politique et géographique, c'est ... Vauban sous l'égide du roi Louis XIV. Que retenir de tout cela, c'est que l'appartenance culturelle est déterminée par un tas d’éléments. Mais, elle est souvent plus constitutive de ce que vous êtes que votre appartenance génétique ou généalogique. Mais, même cette appartenance culturelle est construite. Vous avez commencé à la construire au moment de votre naissance, et vous continuerez à chaque moment de votre vie par une foule de petits choix qui vous apparaitront anodins au moment où vous les ferez. De qui vous êtes le descendant ? C'est à vous de le découvrir.
Alors,il faut bien prendre conscience d'un détail, il y a 90% de vos ascendants qui auront été des "petites gens". Parmi eux, il y a environ autant de victimes que d'agresseurs. Qui est l'enfant d'une violée, est en même temps l'enfant d'un violeur. C'est peut-être violent, mais c'est la réalité. Si vous voulez vraiment avoir le regard d'un historien, il faudra comprendre les gens en évitant de les juger, surtout à l'aune de nos connaissances et de notre éthique. Ils n'avaient ni l'un, ni l'autre.