Un menhir a voyagé sur un radeau du néolithiqueCiter :
Pour le 1er Août 2019, pas de brunch traditionnel pour l’association Pierre à feu, mais la réalisation d’un pari un peu fou: transporter un menhir sur le lac, du Laténium (NE) au village lacustre de Gletterens (FR). Le tout sur un radeau ficelé en rondins d’épicéa et de hêtre.
C’est donc au son de la corne de brume et habillés de peaux de bête qu’ils sont partis jeudi d’Hauterive à 9 h 30. Ils ont navigué toute la journée en restant toujours à une distance raisonnable de la rive, avec pour but d’arriver en terres broyardes dimanche. Pour avancer, pas de moteur, mais la force des bras. À environ 150 mètres du bord, les membres de l’équipage utilisent de longues perches qui, en touchant le fond du lac, font avancer la lourde embarcation. Près de 4 tonnes de bois. Dessus, un granit de 955 kg. En réalité pas un véritable menhir au sens archéologique, mais un bloc erratique, dégagé par le chantier de l’A5. Il fera bien l’affaire pour l’expérience.
Mais qui sont-ils ces gens qui décident de prendre le large avec des dents de sanglier autour du cou et une jupe en cuir de daim? «Nous sommes des passionnés d’archéologie, on aime l’artisanat, la reconstitution d’objets. On vient d’horizons divers: forgeron, tailleur de pierres et même un marionnettiste», explique l’initiateur, Yves-Alain Durig. L’idée vient à la base d’une blague. À l’occasion du rassemblement préhistorique qui commencera ce week-end à Gletterens, le village lacustre a demandé à l’association une animation. «Comme on fait un peu les mêmes choses qu’eux, on voulait trouver quelque chose de différent. En rigolant, j’ai proposé qu’on leur amène un menhir», explique Stephen Papin, membre de Pierre à feu. L’idée a fait son chemin, «et puis il a fallu l’assumer», continue-t-il.
...
Si cette expédition peut sembler un peu farfelue, elle est importante d’un point de vue scientifique. «Ils testent beaucoup de gestes pour voir lesquels sont les plus efficaces pour avancer sur le lac. Ce sont des mouvements que nos ancêtres utilisaient forcément à l’époque. On pourra donc en tirer des conclusions», explique Fabien Langenegger, l’archéologue qui les suit sur un bateau solaire.