Léandros a écrit :
Je ne crois absolument pas que les celtes étaient en Europe occidentale il y a 15 000 ans, ça me parait grotesque quand même...
Et j'aimerais bien savoir d'où vous tirez ça...
En ce qui concerne la supposé non existence des Indo-Européen, c'est bien de le penser, encore faudrait-il le prouver...
Surtout qu'en ce qui concerne la linguistique il y a beaucoup trop d'éléments qui convergent dans le sens de leur existence, c'est beaucoup trop énorme pour qu'il s'agisse de coïncidences.
Après il n'y a pas toujours corrélations entre gênes et cultures/langues et à mon avis c'est là que vous vous méprenez...
C'est très simple: je vous ai répondu sur ce que les tendances que le projet génographique des populations humaines révèle.
Il s'agit de comparer l'ADN des populations, et notamment le rythme d'apparition de certaines mutations clés permettant de comprendre du même coup les migrations de nos ancêtres, et le rythme avec lequel notre espèce s'est répandue sur la planète et comment.
Concernant les populations celtes contemporaines, elles forment un groupe relativement homogène qui possède des clusters génétiques très caractéristiques, que l'on retrouve dans les mêmes proportions ou presque (entre 80 et 95%) dans les populations du nord du Portugal, de la Galice, du nord de l'Espagne, mais aussi de la majorité des territoires français et britanniques. On peut donc en déduire que toutes ces populations sont apparentées. Or on peut situer très exactement dans le temps la date d'apparition de ces mutations (étant donné le rythme moyen avec lequel une variation de notre ADN peut se produire, qui est connu et identifié), et où elles se sont produites:
en Espagne, avant la dernière glaciation, probablement vers -16000 av J-C dans le cas de l'AMH.Et même au sein de ce cluster, il est possible là aussi de comparer encore plus finement les sous clades afin d'avoir vraiment le détail des migrations de nos ancêtres depuis leurs réduits glaciaires. Même en ces temps reculés, l'immense majorité des ancêtres des européens de l'ouest, de ceux qui allaient devenir au gré de l'histoire des celtes, des gaulois puis des français, des britanniques... etc... étaient déjà tous là, et il s'agissait de chasseurs nomades des temps préhistoriques. Les apports génétiques venus de l'est, même dans les cas anglais et français, ne sont pas si importants que ça (20-25% max, la plupart du temps beaucoup moins). Ou du moins, pas suffisamment pour modifier durablement la base commune de l'AMH.
La langue est une chose, l'origine génétique des peuples en est une autre; et si parfois certaines données se recoupent plutôt fidèlement (cas des slaves du nord : Polonais/Russes/Biélorusses/Ukrainiens) bien souvent, les deux ne coïncident pas. Beaucoup de peuples parlant des langues dites "indo-européennes" semblent en réalité n'avoir que très peu d'ancêtres en commun, ou du moins, à des temps extrêmement reculés, de l'ordre des premières migrations d'Homo sapiens hors d'Afrique, c'est dire! Les Grecs, par exemple, ressemblent génétiquement parlant beaucoup plus à des peuples de langues sémites issus du croissant fertile (arabes, phéniciens et hébreux en particulier: prenons par exemple pour témoin la diffusion de l'haplotype-Y J2, dont la proportion est relativement homogène depuis l'Irak jusqu'à la Grèce), que de leurs proches voisins balkaniques ou européens. D'ailleurs, leurs marqueurs sont tellement différents du reste des européens qu'il est possible de repérer avec exactitude le moindre lieu où une colonie grecque importante a vu le jour -c'est notamment le cas du sud de l'Italie-.
Force est dans tous les cas de constater que les traces génétiques d'une invasion ou d'une grande migration indo-européenne sont pour ainsi dire inexistantes.
Si les langues sont devenues homogènes ou se ressemblent autant, il nous faut trouver d'autres explications, d'autres hypothèses. A vous d'imaginer lesquelles!
Après tout, les mécanismes d'assimilation/contamination culturelle sont sans doute beaucoup plus compliqués que les hypothèses souvent simplistes retenues jusque-là par les anthropologues comme les archéologues de la haute antiquité, qui se sont souvent contentés de classer arbitrairement les "cultures" en fonction de la forme des poteries et tessons retrouvés. Même si à présent, on peut soupçonner que ces indices ne valaient pas nécessairement grand chose, étaient relativement arbitraires car recoupant des réalités humaines sans doute très différentes. Et ce, d'autant plus que la plupart des migrations humaines d'importance (hormis les phénomènes de colonisation modernes) semblent avoir eu lieu avant même le néolithique!