mitra13 a écrit :
J'ai une question pour mieux comprendre votre position sur l'origine des IE .
Est ce que les methodes comparitives ds différentes et principales langues IE ont abouti à la conclusion de la non existance ou non utilité
d'avoir eu une proto langue mère ?
Si Oui dans ce cas on pourrait penser à 'une evolution continue depuis le paleolithique et des cultures et langues qui evoluent naturellement dans le temps
sans apport exterieur migratoires influencant cette evolution jusqu' à ce que ces langues se fixent tardivement en différent groupes.
Une continuité paleolithqiue qui rendrait caduque tout phénomène diffusioniste et relativiserait d'eventuelles migrations physiques ?
Si cette approche est intellectuellement seduisante pour nous, qui vivont dans ds sociétés ou la technologie permet la diffusion des idées et des langues à grande vitesse et sans besoin réel d'échanges physiques , je trouve qu'elle n'est pas adaptée par contre aux periodes (proto) historiques. En cela et même si ça parait "demodé" je crois plus à l' analyse diffusionniste qu' à cette approche moderne de l' histoire.
Par contre je partage certains de vos doutes quant a un eventuel avantage strategique du cheval pour justifier d'un diffusionisme debridé.
Mais la theorie diffusionniste ds kourganes ne saurait se reduire aux cheveaux. Et c'ets là que l' archeologie a toute son utilité et permet d redescendre
sur terre. Et meme sous terre , avec l'etude de la distribution dans le temps des sepultures dites kourganes. Dont on peut retracer les cycles d'intrusion et de reflux physiques. Et c'ets probablement ce type de "mouvements" qui expliquent que la contuinité paleolithique si seduisante soit elle aujourd'hui n' a pas pu être.
Parce que autant je suis d'accord qu'on puisse echanger des mots , des mythes voire des poteries ... sans phénomène migratoire fort , autant je ne pense pas
que l'on change sa façon d'enterrer ses ancêtres (acte hautement identitaire et traditionnel) sans influence physique de cultures différentes, ou si on ne le change pas , sans que çelà prouve la presence physique durable d'une autre culture.
Je pense que les méthodes de comparaison sur les langues IE pechent par une grande naiveté concernant le vocabulaire et meme la culture, spéculés sur des témoignages beaucoup trop tardifs, quand ils se sont normalisés par des emprunts incessants. Le vocabulaire a pu se renouveler bon nombre de fois et n’a aucune incidence sur le fonctionnement de la langue. Il n’en va pas de meme de la grammaire qui elle fonctionne comme les rouages d’une horloge sophistiquée et ne souffre pas n’importe quelle transformation. Nous avons dans la langue IE beaucoup de cas de figure différents des uns et des autres. Par exemple le polonais dont la grammaire est IE mais par contre des parties importantes ne le sont pas, telle que la phonétique.
Tout cet ensemble de langues riches en suffixes en –en ou en –ek commun au germanique continental ou au tokharien par exemple, toutes des langues IE tardives et reflètent vraisemblablement l’ancien tissu linguistique du mésolithique eurasien. Il ne se retrouve pas dans certaines langues IE parmi les mieux conservées, comme le lituanien. De plus ces memes suffixes foisonnent dans un grand nombre de langues non IE. L’IE initial lui semble ignorer ces suffixes et ne s’en contamine qu’en pénétrant peu à peu le cœur de l’Eurasie. Dans le germanique les suffixes en –ek ou en –en s’estompent considérablement au niveau de la Scandinavie.
L’IE possède trop d’originalités diverses pour avoir pu se différencier sur une vaste région où les populations étaient aussi mouvantes. Et je pense que seule la fin du paléolithique ou le début du mésolithique a pu offrir aux IE la stabilité et l’isolement nécessaire pour acquérir leur véritable originalité linguistique. Ce qui signifierai qu’ils sont issus d’une zone géographique précise et n’étaient pas disséminés au départ. Donc que globalement l’idée de « langue mère » parait nécessaire. Ce qui n’empeche pas, bien au contraire, que les langues se diffusent et se modifient ensuite au gré des migrations et au cours des millénaires.
Enfin la culture est un vaste melting-pot où la langue ne suit pas forcément : Prenons le groupe de la Treille, dont le sujet fait débat pour l’haplogroup G. Ce groupe appartenait à la culture rodézienne, identifiable par ses artefacts. Cette humanité provenait en majeure partie des néolithiques arrivés par le Proche-orient : C’est incontestable et l’anthropologie ancienne, bien avant les haplogroups, avait déjà établi que leur type anthropologique n’était pas représenté parmi les mésolithiques du sud-ouest de l’Europe auparavant.
Au départ les rodéziens ne connaissent pas la sépulture a dolmen et ensuite ils l’adoptent ( soit qu’ils réutilisent les monuments ou les construisent eux-memes ), tout en conservant cependant un mobilier différent de celui des premiers chalcolithiques qui pour ces derniers répandent la première culture à dolmens de la région. Il y a donc bien dans ce cas mimétisme culturel, au moins partiel, entre des populations n’ayant pas la meme origine au départ.
C’est probablement ce qui arrive également au nord de la mer Noire quand les premiers kurgans apparaissent.